Essai pour une définition
de la photographie.
Dans le futur, cette tasse
de café que j'ai à la main, je
peux choisir de la poser sur la table ou de
la porter à mes lèvres, c'est
ma décision, mon choix, mon pouvoir.
A l'instant où j'ai “acté”
mon choix il devient du passé inéchangeable,
intouchable, non modifiable. Le futur, l'acte,
le passé; on pourrait constater que le
présent n'existe pas. Le futur où
tout est possible, dans l'instant bascule dans
le passé où tout est immuable!
et c'est là que la photo, cette tranche
de l'espace temps, matérialise et fige
à jamais ce “présent”.
C'est tout de même la plus géniale
invention qu'ait réalisé l'être
humain.
Donc mon acte, mon “présent”
et tout ce qui l'environne me quitte à
la vitesse de 300 000 kilomètres-secondes
pour participer à la grande expansion
de l'univers où ce passé récent
se précipite vers les confins infinis.
Le temps présent (qui n'existe) où
je pose ma tasse de café est composé
de milliards de photons dont je serais le centre
et qui me fuient à 300 000 km-s.
J'en suis le centre, comme chaque point de l'espace
qui m'entoure est le centre de mon action futur-passé
et ceci à l'infini. Dans une heure mon
acte de poser ma tasse de café sera à
une heure lumière, (1 heure=60'=3 600''*300 000
km-s=1 080 000 000 kilomètres)
à plus de un milliard de kilomètres
de moi.
Mais voilà, il y aura bientôt deux
siècles, fut inventée la possibilité
d'arrêter un instant ces photons (prise
de vue) puis de les révéler, de
les fixer, de les grapher; c'était, c'est
la PHOTOGRAPHIE.
Gilles Bruneton